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Peinture moderne - Que ta joie demeure de Denis Côté. Par Maxime Binet

Peinture moderne - Que ta joie demeure de Denis Côté. Par Maxime Binet

Mardi 29 avril 2014

Ce mardi (29 avril 2014), Paralœil  vous présente Que ta joie demeure, le plus récent film de Denis Côté. Le film sera précédé du court métrage Chez toi, où sont les fleurs? (2011) de Katy Roy, une production de Paralœil.
 
Avant toute chose, permettez-moi de souligner la belle soirée de projection qui s’est déroulée jeudi dernier, en compagnie d’Érik Papatie qui est venu tout droit du Lac Simon, en Abitibi, pour son premier voyage dans le Bas-du-Fleuve. Lui qui présentait son court métrage Bienvenue dans mon monde (2010) s’est montré très généreux envers le public de Paralœil avec qui il n’a pas hésité à partager ses anecdotes de tournage de 3 histoires d’indiens et de ses propres réalisations. Érik Papatie a véritablement conquis le public rimouskois ; public qui, selon le cinéaste et acteur, aura été plus nombreux et plus animé que lors de sa présence à Montréal. Cette belle soirée de cinéma s’est déroulée dans une ambiance intime et chaleureuse. Un beau petit succès !
 
Comme je le disais, Paralœil vous invite à la projection de Que ta joie demeure, essai cinématographique de l’enfant terrible du cinéma québécois, Denis Côté. Par sa facture, le film nous rappelle évidemment son Bestiaire, sorti il y a deux ans. On y a interchangé les animaux pour des humains, et on passe de la ferme aux usines, ateliers et autres manufactures. Sans qu’il y ait véritablement d’histoire(s), les ouvriers font ce qu’ils font, ce qu’ils ont à faire… Côté se soucie peu de la finalité de leur travail, il s’intéresse plutôt aux gestes, aux mouvements, à la répétition, à l’adhérence des corps au rythme des machines, et à cette humanité qu’on devine, enveloppée dans les combinaisons que portent ces journaliers. Denis Côté nous montre ces êtres aliénés ou s’aliénant, parfois résistant, mais toujours pris dans l’engrenage ; le titre prend alors tout son sens.
 
« Personnellement, autant j’ai aimé ce film, autant je ne peux que difficilement m’expliquer pourquoi ! » On a beau chercher, on ne peut pas utiliser ses appuis cinématographiques habituels pour réfléchir sur ce film. Ce faisant, il faut chercher ses appuis ailleurs, peut-être un peu dans la danse (contemporaine) et la photographie. On y reconnaît peut-être un peu du Ciné-Œil de L’homme à la caméra (1929) de Dziga Vertov, mais l’optimisme et l’émancipation qui donnaient l’élan au film du cinéaste russe sont remplacés par l’enfermement, la résignation (et/ou l’acceptation). Comme on l’a dit, le film se concentre sur le mouvement – et le statique –, présentant des corps anonymes et abandonnés à leur fonction, telles les machines qui meublent leur environnement. Sur le plan technique, les cadrages, la lumière, la composition de l’image, la durée des plans, et les raccords participent de cette œuvre audio-picturale. L’environnement sonore est tout aussi riche, dense et complexe que la bande image. Les rythmes et les textures sonores sont sculptés avec doigté. Au final, tous ces choix esthétiques combinés renferment un pouvoir carrément hypnotisant qui nous immerge dans l’aliénation de cet univers industriel. Ainsi, c’est sans doute avec la peinture moderne qu’on peut probablement plus aisément trouver des repères.
 
Je ne vous en dis pas davantage sur le film. Venez vous blottir dans l’obscurité de votre salle de cinéma Paralœil pour découvrir cette pièce de maître signée Denis Côté !

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