Synopsis André Forcier est un cinéaste québécois indépendant dont le travail a été récompensé par le Prix du gouverneur général en 2010. Artiste libre adepte du réalisme magique, Forcier expose entre autres sa philosophie de création et sa vision du rôle du septième art.
«Des histoires inventées»: les fantômes des films passés.
François Lévesque - Le Devoir
★★★★
En entrevue, André Forcier se plaît volontiers à dire : « J’ai peut-être pas de manières, mais j’ai une manière. » Vrai, tellement vrai. Sous des dehors bourrus soigneusement entretenus par le principal intéressé, se cache en effet l’âme sensible d’un poète, d’un fantaisiste, d’un esthète au sens noble du terme. Empreints de ces qualités, ses films sont uniques, quelles qu’aient été les contraintes du moment, Forcier ayant plus souvent qu’à son tour dû composer avec des moyens largement en deçà de sa vision et de son talent. Pour autant, dans le documentaire Des histoires inventées qui lui donne la parole, le ton n’est pas à l’apitoiement. Au contraire, c’est un créateur généreux de sa flamme que l’on a devant soi.
Réalisé par Jean-Marc E. Roy, cinéaste dont les courts métrages ont été partout, y compris à Cannes, Des histoires inventées fait honneur à son iconoclaste sujet, et ce, dans sa forme même. En cela qu’il s’agit d’un documentaire dont la conception est tout sauf classique.
Ici, point d’experts invités à se prononcer ni d’anciens collaborateurs venus se souvenir, émus. C’est Forcier, et Forcier seul, que le documentariste désire entendre parler de son cinéma, du comment et du pourquoi. Il en résulte, en quelque sorte, une leçon de maître, exercice riche de réminiscences et de confidences.
Défilé fabuleux
André Forcier revisite ainsi ses longs métrages, leurs genèses respectives notamment, sans ordre précis sinon celui que commande la teneur d’un propos générant ses propres enchaînements.
C’est d’ailleurs là que le documentaire de Jean-Marc E. Roy se distingue. Car tandis que Forcier commente sa filmographie, des pans de celle-ci revivent autour de lui, tantôt recréés avec moult détails, tantôt davantage évoqués. Kalamazoo, Le vent du Wyoming, Coteau rouge, L’eau chaude, l’eau frette, Je me souviens, Bar salon, Embrasse-moi comme tu m’aimes, La comtesse de Bâton Rouge, Les États-Unis d’Albert, Une histoire inventée, qui a inspiré son titre au documentaire…