Synopsis
Précédé d'une performance et suivi d'une discussion avec l'artiste Silver Catalano
Dans le cadre de la Semaine de la diversitéen collaboration avec ID-Est
« J’ai cassé la côte d’Adam. Enchantée. Je suis la nouvelle Eve. Fille des travestis, œuvre des ténèbres. » Ces mots, prononcés par l’artiste Mc Linn da Quebrada dans une performance imprégnée de sexe et de violence, mettent face à la condition de la transidentité au Brésil.
Le film documentaire Bixa Travesty (Tranny Fag, 2018) a été réalisé par Claudia Priscilla et Kiko Goifman. Il met en scène la chanteuse de funk transgenre et activiste brésilienne Mc Linn da Quebrada, qui a collaboré à son écriture. Le film a été projeté au cinéma « Les 7 Parnassiens » dans le cadre de la 14ème édition du festival Brésil en Mouvements. Il a remporté le prix Teddy (catégorie dédiée aux films de thématique LGBTQ) du meilleur documentaire à la Berlinale 2018.
L’activisme LGBTQ dans les productions audiovisuelles brésiliennes
Femme transgenre de la périphérie de São Paulo, noire et non-binaire, la chanteuse Linn da Quebrada se sert de son corps et de ses mots pour affronter une société brésilienne blanche et hétéronormative. En effet, le pays avec la plus grande Gay Pride du monde (3 million de personnes en 2017) est aussi le lieu où, tous les deux jours, un meurtre par l’homophobie est enregistré.
Activiste dans le mouvement LGBTQ, celle qui s’auto-intitule « terroriste de genre » est présente dans les dernières productions audiovisuelles qui traitent de l’homosexualité. Elle a également participé au documentaire Meu Corpo é Político (My Body is Political, 2017) de la réalisatrice Alice Riff et au film de fiction Corpo Elétrico (Body Electric, 2017) de Marcelo Caetano.
Se réapproprier l’insulte
Le terme « Bixa Travesty » (« pédé trav’ ») est souvent utilisé pour attaquer verbalement les femmes transgenres. Cependant, la chanteuse se le réapproprie pour définir son corps et son existence au delà des normes de la binarité de genre.
Le film alterne des passages d’interview dramatisés, des concerts et des moments privés du quotidien, et donne au spectateur un aperçu des nuances qui composent l’artiste et ses relations. Mc Linn da Quebrada est ainsi présentée en compagnie de son amie d’enfance et chanteuse Jup do Bairro. Leur humour acide s’articule à une forme de mélancolie, liée à l’intimité de leur discours. En effet, elles abordent les questions que posent leur fluidité de genre : le machisme, la solitude et les préjugés. Leur transexualité ne cherche pas à s’adapter à l’esthétique attendue d’une femme cis : elles explorent à travers leur corps de nouvelles formes du féminin, en dépassant la question des organes génitaux.
Le corps : terrain de combat et arme
L’outil de création de Mc Linn da Quebrada est son corps. Celui-ci est d’abord la coquille qui permet le contact intime : une fois exposé nu, il bouleverse le statu quo. Son corps est le point de départ, le terrain où se déroulent les questions de l’existence et du genre. C’est aussi à travers lui que le discours, la musique et la confrontation deviennent possibles.
Fort, explicite et déstabilisateur à l’image de la chanteuse, Bixa Travesty n’est pas un documentaire qui cherche à expliquer tout un contexte social. Pour cela, il y a Google. C’est un film qui dévoile les nuances d’une femme transgenre, artiste à plusieurs niveaux, qui s’est emparée de sa sexualité et de son corps pour donner voix à une lutte urgente.
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