Synopsis Tina, douanière à l'efficacité redoutable, est connue pour son odorat extraordinaire. C'est presque comme si elle pouvait flairer la culpabilité d'un individu. Mais quand Vore, un homme d'apparence suspecte, passe devant elle, ses capacités sont mises à l'épreuve pour la première fois. Tina sait que Vore cache quelque chose, mais n'arrive pas à identifier quoi. Pire encore, elle ressent une étrange attirance pour lui...
ANDRÉ DUCHESNE
La Presse
Présenté dans la section Un certain regard en mai dernier à Cannes, le film suédois Border raconte de façon singulière l'amour naissant entre deux personnes laides selon les critères généralement admis. La Presse en a discuté avec le réalisateur Ali Abbasi.
Foi d'Ali Abbasi, réalisateur du film Border, il est moins difficile qu'on le pense de parler de laideur au cinéma. Parce qu'on en discute, ouvertement ou non, dit-il.
Mais ce qu'on oublie, c'est que la laideur n'exclut pas l'amour fou, total, intégral entre deux êtres. Ce qu'il explore justement dans son long métrage, singulier, organique et dérangeant qui arrive aujourd'hui sur nos écrans.
«Je sais que ce n'est pas politiquement correct d'identifier ceux qui sont laids et ceux qui ne le sont pas. Ce sont des notions qui nous habitent, mais qu'on n'arrive pas à exprimer au moment de le faire», indique-t-il en entrevue de Copenhague où il vit.
Pour lui, il était donc vital d'aborder ce sujet de façon frontale au moment de tourner son film.
«Je voulais raconter une histoire d'amour avec des personnes laides. À partir de là, il aurait été stupide de le faire de façon détournée.»
De fait!
Border raconte donc l'histoire de Tina, une femme au visage animal qui travaille à la douane et est capable, en raison d'un instinct et d'un sens de l'odorat très aigus, de repérer des passeurs, des fraudeurs et des gens cachant d'horribles secrets.
Vivant dans la marge, Tina voit sa vie basculer le jour où elle rencontre Vore. Ce dernier va lui expliquer qui ils sont vraiment : des trolls avec des sexes inversés, la queue coupée et un passé fait de maltraitance avec les humains.
Même si son scénario et sa mise en scène le suggèrent, M. Abbasi dit ne pas avoir voulu parler de la question des genres et des transgenres, sujet actuel s'il en est un. «C'est beaucoup trop sérieux pour que je l'aborde à travers ces personnages, dit le réalisateur. Les gens me demandent aussi si j'ai voulu parler d'immigration et de la crise migratoire. Ce n'est pas le cas. Mais cela dit, oui, le film fait référence aux questions de minorité.»