Synopsis Ceux qui viendront, l'entendront propose une rencontre singulière avec des locuteurs de plusieurs langues autochtones et inuit du Québec. Le film part à la découverte de ces parlers méconnus à travers l'écoute du quotidien de ceux et celles qui les parlent encore aujourd'hui. Soutenu par un travail d’exploration et de création d’archives, le film permet de mieux saisir la musicalité de ces langues et dévoile l’importance culturelle et humaine de ces traditions orales millénaires en nourrissant une réflexion collective sur les conséquences de leur disparition.
Mot du réalisateur
Les éléments distinctifs des cultures aux langues minoritaires sont fragilisés dans un monde où les grandes puissances mènent des politiques hégémoniques. On entend souvent parler de biodiversité, mais très rarement de diversité linguistique. La diversité des langues n’est pas une simple variété de sons et de signes, mais une pluralité de visions du monde, de façons de nommer le « réel ».
Selon l’UNESCO, une langue cesse d’être parlée dans le monde tous les quinze jours. C’est non seulement une langue, mais également une identité qui est grandement compromise par ce phénomène inquiétant.[1]
Le Canada et le Québec n’échappent pas à cette réalité de l’érosion des langues, car l’ensemble des idiomes autochtones encore parlés au pays est menacé à différents niveaux. Par le passé, elles ont subi de grandes pertes causées principalement par la colonisation et le système de pensionnat qui interdisaient aux Premières Nations, aux Inuit[2] et aux Métis de parler leurs langues maternelles et de vivre selon leurs cultures. Le recul de ces langues se poursuit de génération en génération encore aujourd’hui.
Malgré ces faits, certaines langues autochtones au pays se portent bien et ont d’excellentes chances de survie.[3] Le décentrement et la mobilité sont des mots-clés pour comprendre ces sociétés dont la résilience n’est plus à démontrer.
Il y a tout un bagage qui date de plusieurs millénaires que l’on doit considérer dans ces langues ancestrales. Elles ne servent pas uniquement à communiquer, mais bien à exprimer l’héritage culturel qu’elle représente. Pour les cultures de tradition orale, comme c’est le cas des langues autochtones, l’ensemble du savoir se conserve dans la mémoire plutôt que dans l’écriture.
Ceux qui viendront, l’entendront propose, dans une démarche exploratoire, une illustration de l’expérience que vivent des locuteurs évoluant dans une situation linguistique fortement fragilisée. En faisant appel à la poésie de ces langues et à la découverte de ce jardin sonore, ce film appelle à méditer sur les enjeux reliés aux langues en situation minoritaires.
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BIOGRAPHIE
Originaire de Rouyn-Noranda, Simon Plouffe vit et travaille à Montréal. Ses expériences de travail comme preneur de son l'amènent à explorer des univers sonores tant au niveau de l’expérimentation que de la conception. Son premier documentaire L’or des autres (2011) a été présenté dans une quinzaine de festivals internationaux (RIDM, Dok.Fest, Guadalajara, Big Sky) et s’est fait décerner le Merit Award for Advocacy au Montana CINE Int. Film Festival, une mention honorable pour Excellent Storytelling au WIFF, le prix Silver Lei au Honolulu Film Awards à Hawaï et une nomination pour Meilleur documentaire société au prix Gémeaux. Son deuxième long métrage documentaire Ceux qui viendront, l'entendront (2017) à reçu le Prix du Jury à la 56e édition du Festival de Ann Arbor en 2018. Il développe actuellement un documentaire sur la cécité causée par des conflits armés.
FILMOGRAPHIE
-L'or des autres, 2011, 60 mins -Ceux qui viendront, l'entendront, 2017, 77 mins