Synopsis
précédé de Mobilize de Caroline Monnet (2015) 4 min.
Tuktuq:
Les plans fixes, presque photographiques, se sont imposés d’eux-mêmes. Le moindre mouvement devenait futile. Il proposait une forme que le contenu ne voulait pas. Le village est comme devenu le sujet d’ancrage du film. Un village, ça ne bouge pas, à moins de le déplacer. Ce sont ses habitants qui se meuvent autour. C’est pour ça qu’il s’est créé aussi une sorte d’anonymat autour des gens. Pour faire parler les bâtisses et le décor. Ce n’est pas un film de personnages, c’est un film de maisons, de territoire.
Les conversations téléphoniques entre Martin et le Sous-Ministre sont un langage de sourd. Il y a de l’ironie et de la dérision là-dedans : deux blancs nord-américains qui refont le sort d’un peuple qu’ils ne connaissent pas. Ça permet des absurdités kafkaïennes dans la pensée et la parlure. Je me suis amusé avec ça. J’avais besoin d’idéalisme d’un côté de cynisme de l’autre. J’avais besoin d’humour et de grands espaces. Quelque chose qui ressemble à la nature propre des Inuits.
La genèse du récit provient d’une histoire vraie, actuelle. Une minière qui s’impose dans un village et qui fini par le déplacer. Ça n’a rien d’extraterrestre. C’est vrai, et lorsqu’on s’informe le moindrement, on découvre des aberrations tant ça n’a aucun sens ce que le gouvernement est en train de faire avec le Nord. Quand on met un médecin à la tête d’un “pays”, inévitablement il va couper de manière drastique, avec un bistouri, sans émotions. Le film a été tourné en 2012, en pleine révolution étudiante, sous la gouverne d’un autre Premier Ministre. Le film a été monté en 2016, et ironiquement, le propos demeure intact. Ça fait peur. Mais encore là, c’est très kafkaïen.