Mardi 4 avril 2017 19h30 | Coopérative Paradis

Synopsis
Précédé d'un court métrage surprise. 

Ils sont plutôt jeunes pour la plupart. Ils sont huit en tout, venant de Hollande et des Philippines. Tous vivent sur un immense cargo tout bleu, et forment une improbable communauté qui vit au rythme des nettoyages du pont, des réparations, de l’arrivée et du débarquement des marchandises, de la préparation des repas ou de la navigation sur une mer dont il faut toujours se méfier. Les observant dans leur quotidien avec un sens de la contemplation fascinant, recueillant patiemment leurs anecdotes et imaginaires, Félix Lamarche (remarqué pour son court Des hommes à la mer ) nous fait découvrir de façon tout à fait unique les gestes, espoirs, rêves et doutes de ces marins dont les élans les plus intimes se confrontent aux mouvements de l’immensité où ils sont perdus.

POUR LA PETITE HISTOIRE...

« Si tu veux vraiment savoir c’est quoi être marin, alors vas en mer et tu le sauras!»

C’est avec ces mots qu’assis autour d’un verre, lors d’une froide soirée de décembre, un capitaine m’a simplement répondu, alors que je lui expliquais mon projet de faire un film sur les marins. À l’époque, j’étais encore à l’université et je tournais déjà un film sur ces hommes, de passage à Montréal, et qui ne s’attardent guère plus d’une soirée avant de devoir s’en retourner sur leur cargo, vers d’autres horizons. En est résulté un court métrage (Des hommes à la mer) campé autour de la Maison des marins de Montréal. Mais voilà, durant ce tournage, je n’étais pas arrivé à faire le voyage sur un cargo. À peine avais-je réussi à me faire autoriser l’accès à bord de deux navires à quai, l’espace de quelques heures, me donnant une fenêtre bien mince sur ce monde, refermé sur lui-même il est vrai, mais qui s’ouvre pourtant sur les vastes étendues océaniques.

Aller en mer... Les mots prononcés par ce capitaine me sont restés en tête jusqu’à ce que, de fil en aiguille, je prenne le large pour une première fois à bord du Marietje Andrea, un vraquier hollandais de 126 mètres. Et puis vint un second voyage, presque deux ans plus tard, durant lequel j’ai navigué et vécu aux côtés de l’équipage pendant deux mois, tournant ainsi ce premier long métrage.



SUR LE FILM...

Les terres lointaines est né d’un désir de cinéma empreint de liberté, d’une recherche sur la présence et sur le temps. Car qu’est-ce qu’être présent sinon de prendre le temps, ou à tout le moins de tenter d’en prendre acte? À une époque où, nous le disons souvent, tout s’accélère, où on nous offre de plus en plus de prémâché, faute de temps pour satisfaire cette obsession de tout voir, tout savoir, tout entendre, l’acte de définir un espace temporel incompressible et irréductible prend de plus en plus des airs de résistance. Or, à condition bien sûr de vouloir s’affranchir des diktats du « toujours plus en toujours moins de temps », bref, d’une soi-disant efficacité, c’est cet espace privilégié que permet le cinéma documentaire et c’est dans celui-ci que j’ai tenté d’opérer.

La démarche à adopter était donc claire pour moi dès le départ, soit d’aller à la rencontre des marins d’aujourd’hui, et de prendre un maximum de temps au tournage afin de créer cet espace de réflexion en marge du continuum de l’actualité, mais sans pour autant renier la dimension politique (bien qu’ici traitée de manière oblique) du vécu des protagonistes. Mon objectif était donc de me fondre dans le microcosme de l’équipage afin de comprendre et de faire ressortir ce qui se trame en filigrane de chaque vécu, c’est-à-dire ce qui se saisit autrement que par le simple déroulement d’une histoire ou des enjeux immédiats auxquels font face les protagonistes, par exemple en passant par l’impression, l’expérience sensible, le songe, par l’épreuve du temps.

Et comme la mer est bel et bien une épreuve du temps marquante pour celui qui s’y aventure, cette dimension s’est transposée au montage sous la forme d’un cycle, celui du va et viens constant du navire, et la durée est devenue une composante fondamentale et structurante du film. À travers elle, nous avons cherché à inscrire la présence des protagonistes à l’écran et à y ancrer leur parole, bien que souvent hésitante, afin qu’elle existe à son propre rythme, hors des impératifs de compression qu’on voudrait parfois lui faire subir pour mieux répondre à certains standards.

Ce film, je l’ai donc fait avec ce souci constant de l’attention aux autres et au monde qui les entoure, ce monde où l’être humain, pris entre une Nature qu’il peine à contrôler et les environnements industriels qu’il se construit, a de plus en plus de difficulté à trouver une place à sa mesure. Transitant entre ces deux pôles, balloté par les impératifs économiques, le marin d’aujourd’hui m’apparaît donc comme une sorte de figure symbolique de l’errance contemporaine, où la « quête du lieu acceptable » se fait de plus en plus difficile.

FÉLIX LAMARCHE

BIOGRAPHIE

Félix Lamarche est un cinéaste et producteur indépendant. Ayant réalisé ses premiers courts métrages à l'adolescence, il s'intéresse d'abord au cinéma de genre et à la fiction. Après quelques voyages, il entre à l'université et y découvre le cinéma documentaire, territoire où il oeuvre présentement. Intéressé surtout par les possibilités narratives et la liberté créatrice qu'offre le cinéma du réel, il cherche à travers ses films à créer des espaces de rencontre et de réflexion où l'être humain y occupe une place centrale et est mis en relation avec son environnement.

Terres lointaines

de Félix Lamarche

Terres lointaines
En présence du réalisateur
Fiche technique
  • Année 2016
  • Pays Québec
  • Langue Anglais
  • Sous-titres Français
  • Durée 98 minutes
  • Réalisation Félix Lamarche
Tarifs
  • 8 $ régulier
  • 7 $ réduit
  • gratuit 17 ans et moins