Synopsis La vie de Svetlana Geier est exceptionnelle. Le film que lui consacre Vadim Jendreyko tisse subtilement les fils d'un destin très tôt bouleversé par l'Histoire. Une histoire personnelle heurtée par les grandes tragédies du XXème siècle et qui sera transcendée par la littérature. Svetlana Geier a 16 ans quand son père est libéré des goulags staliniens. Il mourra 6 mois plus tard. 19 ans quand 30’000 Juifs sont assassinés à Babi Yar par une unité spéciale de commandos SS. Elle y perdra sa meilleure amie. Enrôlée par la Wehrmacht comme interprète, elle finira par fuir Kiev avec sa mère en 1943. En septembre, elle est internée à Dortmund dans un camp de travailleurs de l’Est. Son périple se poursuit, fait de grandes souffrances, d'aides silencieuses, de chances inespérées et d'un amour pour la langue qui éclipsera tout le reste. Dès les années 50 elle est reconnue comme brillante traductrice et deviendra rapidement une universitaire de renom dans le domaine de la traduction littéraire.
Tout en embrassant l'Histoire européenne du XXème siècle, délicatement, et par touches successives, le film esquisse un portrait émouvant de Svetlana Geier. Chez elle les tâches quotidiennes et l'activité littéraire s'accomplissent de pair, en harmonie, en profondeur. Les activités les plus simples et les plus complexes sont connectées. Cuisiner, broder, transmettre ou traduire l'un des plus grands écrivains de l'histoire de la littérature relève de la même philosophie.
Depuis près de 20 ans elle travaille à ses "5 éléphants" que sont «Les frères Karamazov», «L’idiot», «Crime et châtiment», «Les Démons», «L’adolescent», de Dostoïevski. Ses traductions du russe vers l'allemand sont un événement d'une portée considérable dans le monde de la traduction. La langue de Dostoïevski retrouve ses lettres de noblesse. Depuis 2 ans c’est au tour du «Joueur» et de «Souvenirs de la maison des morts. »
Vadim Jendreyko nous introduit dans le jardin secret de la traduction, là où l'œuvre retrouve son inspiration originale, pour y reconquérir un souffle et une essence authentiques.
« Mon professeur disait toujours : “Il faut lever le nez quand on traduit”. On ne traduit pas de gauche à droite, en suivant la langue, mais seulement après s'être approprié la phrase. Elle doit être digérée de l’intérieur, toucher le cœur. Je lis chaque livre si souvent que les pages en sont trouées. Un jour je finis par entendre la mélodie du texte. »
"La femme aux 5 éléphants" éclaire l'œuvre de Dostoïevski et la présence de Svetlana Geier nous projette vers une compréhension du monde rarement atteinte.